Nature & Progrès
Le label Nature & Progrès est bien plus qu’un label bio. C’est même à bien des égards un contre label bio. Jugez plutôt!
Les labels bio classiques fonctionnent tous suivant le principe dit de la « certification par tiers ».
Un organisme indépendant (cabinet d’audit, le « tiers » donc) contôle et certifie, moyennant (pas mal de…) finance, les détenteurs du label (agriculteurs et producteurs), selon un cahier des charges édicté par l’institution qui gère le label.
Louable intention d’impartialité, mais qui présente certains inconvénients: procédurier et onéreux, il avantage les gros producteurs au détriment des petits qui n’ont tout simplement pas les moyens de se payer les « audits ». L’évaluation « couperet » (c’est oui ou c’est non) repose sur le respect scrupuleux de règles qui ne prennent pas en compte tous les aspects de l’écologie. La certification devient une fin en soi (le label à tous prix).
Fidèle à ses origines de 1964, Nature & Progrès se situe aux antipodes de cette vision technocratique et verticale du bio. Le processus est ici démocratique, décentralisé (horizontal), pédagogique, participatif (gratuit ou presque) et global (on y parle plus d’agro-écologie que de bio stricto sensu).
– les auditeurs sont remplacés par des binômes producteur-consommateur. Le producteur apporte son expertise technique, le consommateur une vision plus pragmatique des choses, et représente au passage les intérêts de la clientèle finale, grande oubliée des processus de certification classiques
– les évaluations sont effectuées par « Systèmes Participatifs de Garantie », où chacun est acteur de la chaine et donne de son temps pour faire vivre le label le plus localement et horizontalement possible. La certification devient abordable, à la portée de tous petits acteurs, ce qui favorise la diversité, et non la concentration agro-industrielle, fût-elle bio.
– le processus se veut plus pédagogique que coercitif (admis/refusé). Les candidats au label qui remplissent déjà une bonne partie des critères et s’engagent sur la bonne voie pour le restant, sont accompagnés. Le processus d’amélioration est permanent, le cahier des charges évolue en permanence « par la base ». Les contrôles sont l’occasion d’un partage des savoir-faire, d’entraide, d’une dynamique locale basée sur l’échange. La certification n’est pas ici une fin en soi, mais un moyen d’avancer.
– Nature & Progrès défend enfin l’agro-écologie, ce qui est bien plus que le simple « bio ». L’agro-écologie préconise par exemple l’exploitation à taille humaine et s’oppose à l’industrialisation du bio: pas de mécanisation à outrance, retour à des parcelles plus petites qui réintroduisent des couverts végétaux, des haies, des talus, des cultures diversifiées et vivrières combinées avec de l’élevage. Autre aspect important, le respect du bien-être animal (en pâture, en étable, mais aussi dans le chargement et le transport), et l’abattage tardif. L’agro-écologie se pose enfin en véritable style de vie qui prône une alimentation de qualité, une médecine naturelle, l’éco-construction, les énergies renouvelables, la réduction des emballages, la gestion raisonnée de l’eau, etc…
Mais qu’on ne s’y trompe pas. « Cool » et « sympa » en apparence, ce processus est en fait bien plus exigeant de notre point de vue qu’un label bio classique. C’est en effet une chose de passer son « grand oral » une fois par an auprès d’un auditeur descendu de la grande ville, c’en est une autre d’être en contact régulier avec une communauté certes bienveillante, mais engagée, active, et sans complaisance…
Nature & Progrès chez LANDMADE: